Le Service d’Accueil des Urgences de Tarare a reçu ce texte écrit par un patient. Nous vous le partageons.
« Quand tu arrives aux urgences de Tarare, tu es certainement dans un tel état de santé que tu n’as ni le temps ni le plaisir de penser à autre chose que l’on te soulage de cette douleur qui te déchire les tripes. Tu mets ta douleur de côté et tu te retrouves dans une vie de ruche.
Une ruche qui ne s’arrête jamais de travailler, des abeilles disent au revoir à celles qui arrivent pour les remplacer et d’autres sont là pour encore une journée ou plus.
Des abeilles qui n’arrêtent pas de sillonner les couloirs, vérifier les cellules et leurs occupants, soigner, rassurer, remplir des papiers, changer des lits, nettoyer, servir à manger et débarrasser le tout avec sourire, empathie, humanité et bienveillance.
Nuit comme jour, l’abeille surveille, prend de tes nouvelles en guettant la moindre moue, le moindre « aïe » ou le moindre changement de la couleur de ton visage. Elle mesure ta tension, ton rythme cardiaque, ta température en n’oubliant jamais de saluer, de sourire, de trouver le mot qui rassure et qui te fait rire sans le moindre signe de « raz le bol » légitime dans les temps qui courent.
Il arrive qu’un cafard vienne visiter la ruche. Impatient, vulgaire, agressif et mal élevé, ce cancrelat ou ce cancre là aurait plus mal que les autres, serait prioritaire car cafard, voudrait l’exclusivité des soins parce qu’il a trop picolé ou trop fumé ou trop tabassé sa « meuf »…le sale « mec » ! Il crie, vocifère, insulte toutes les abeilles avec son répertoire « cafarcadesque » et se met en scène dont il est la seule risée, la seule fausse note de la ruche, le seul intrus.
Les abeilles « traqué, blessé, piétiné, achevé, nié, oublié » (Prévert), prennent sur elles, acceptent de soigner le cafard quand il se calme et reprennent leur envol vers les cellules et leurs occupants avec le même élan, la même empathie, le goût pour le service rendu de la plus belle manière qui soit.
Les abeilles, majoritairement abeilles avec quelques « abeillons », nous leur devons une gratitude sans limité, une Ola sans fin et un respect sans condition ».
Texte écrit par Abdelkader, patient aux urgences de Tarare